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PREFACE ET POSTFACE AUX ENQUETES A LA CAMPAGNE 11
Aujourd’hui, la politique du Parti est nécessairement différente; ce
n’est ni “la lutte sans l’union”, ni “l’union sans la lutte” (tel le tchen-
tousieouisme de 1927), mais l’union avec toutes les couches sociales
opposées à l’impérialisme japonais, la formation d’un front uni, et en
même temps la lutte contre celles de ces couches qui ont tendance
à capituler devant l’ennemi et à s’opposer au Parti communiste et au
peuple, lutte dont les formes varient selon le degré de leur instabilité
et de leur caractère réactionnaire. Notre politique actuelle a un double
caractère: elle associe “l’union” à “la lutte”. Dans le domaine du
travail, cette politique vise à améliorer, dans la mesure qui con-
vient, les conditions de vie des ouvriers, mais elle n’empêche pas
l’économie capitaliste de se développer de façon adéquate. Dans
le domaine agraire, elle exige du propriétaire foncier qu’il abaisse
le montant du fermage et le taux d’intérêt des prêts, et, d’autre
part, elle demande au paysan de verser ce fermage et cet intérêt
réduits. Dans le domaine des droits politiques, elle garantit à tous les
propriétaires fonciers et à tous les capitalistes qui sont pour la Résis-
tance des droits égaux à ceux des ouvriers et des paysans — droits de
la personne, libertés politiques et droit de propriété —, mais elle
veille aussi à prévenir une activité contre-révolutionnaire de leur part.
L’économie d’Etat et l’économie coopérative doivent être développées,
mais puisque, dans les bases rurales, le secteur principal de notre
économie est constitué aujourd’hui par l’économie privée et non par
l’économie d’Etat, nous devons donner au secteur du capitalisme
libéral la possibilité de se développer, dans l’intérêt même de la lutte
contre l’impérialisme japonais et le régime semi-féodal. C’est la
politique la plus révolutionnaire que l’on puisse adopter aujourd’hui
en Chine, et on aurait assurément tort de se prononcer contre elle ou
d’entraver son application. Faire, d’une part, des efforts sérieux et
résolus pour préserver la pureté de l’idéologie communiste chez les
membres de notre Parti, et protéger, d’autre part, la partie utile du
secteur capitaliste de notre économie sociale et lui donner un déve-
loppement approprié, ce sont là pour nous deux tâches, aussi indis-
pensables l’une que l’autre, dans la période de la Guerre de Résistance
et de l’édification d’une république démocratique. Il est possible qu’au
cours de cette période certains membres du Parti communiste se
laissent corrompre par la bourgeoisie et que la mentalité capitaliste
apparaisse dans nos rangs, aussi devons-nous lutter contre cet esprit
décadent au sein de notre Parti; mais nous ne devons pas commettre
l’erreur de porter cette lutte sur le terrain de l’économie sociale en