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ANALYSE DES CLASSES DE LA SOCIETE CHINOISE 11
qui l’a levé afin de rallier autour de lui toutes les classes opprimées
du monde; l’autre est le drapeau blanc de la contre-révolution, et c’est
la Société des Nations qui l’a levé afin de rallier autour de lui toutes
les forces contre-révolutionnaires du monde. Il se produira inévitable-
ment, à une date très prochaine, une scission parmi les classes
intermédiaires: les unes iront à gauche vers la révolution, les autres à
droite vers la contre-révolution. Pour ces classes, la possibilité d’oc-
cuper une position “indépendante” est exclue. C’est pourquoi la
conception, si chère à la moyenne bourgeoisie chinoise, d’une révolution
“indépendante” où cette classe assumerait le rôle principal n’est que
pure illusion.
La petite bourgeoisie. Appartiennent à la petite bourgeoisie les
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paysans propriétaires , les propriétaires d’entreprises artisanales, les
couches inférieures des intellectuels — étudiants, enseignants des écoles
primaires et secondaires, petits fonctionnaires, petits employés, petits
avocats — et les petits commerçants. Par son nombre comme par
sa nature de classe, la petite bourgeoisie mérite une attention sérieuse.
Les paysans propriétaires comme les propriétaires d’entreprises arti-
sanales sont engagés dans la petite exploitation. Bien que les diffé-
rentes couches de la petite bourgeoisie se trouvent toutes dans la
situation économique particulière à cette classe, elles se divisent en
trois groupes. Le premier comprend les gens qui ont une certaine
aisance, c’est-à-dire ceux à qui le produit de leur travail manuel ou
intellectuel laisse chaque année, leurs besoins propres une fois satis-
faits, un certain excédent de grain ou de revenu. Aspirant très fort
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à s’enrichir, ils vouent un culte au maréchal Tchao ; sans s’illusionner
sur leurs possibilités d’amasser de grandes fortunes, ils ont néanmoins
le désir de s’élever au rang de la moyenne bourgeoisie. Lorsqu’ils
voient de quels respects on entoure les petits bourgeois ainsi parvenus,
ils en bavent souvent d’envie. Ce sont d’ailleurs des poltrons: ils
ont peur des autorités, et la révolution leur inspire aussi une certaine
crainte. Très proches, par leur condition économique, de la moyenne
bourgeoisie, ils sont crédules à sa propagande et méfiants à l’égard
de la révolution. Ce groupe représente une minorité au sein de la
petite bourgeoisie, dont il constitue l’aile droite. Le second groupe
se compose de ceux qui arrivent à se suffire pour l’essentiel sur le plan
économique. Les gens de ce groupe sont tout différents de ceux du
premier. Eux aussi rêvent de s’enrichir, mais le maréchal Tchao
n’exauce jamais leur vœu; de plus, ils ont ces dernières années assez
souffert de l’oppression et de l’exploitation de l’impérialisme, des