Page 10 - ŒUVRES CHOISIES DE MAO TSE-TOUNGTomo IV.indd
P. 10
8 MAO TSE-TOUNG
dividu des plus cruels et des plus perfides. Sa politique a été
d’attendre la victoire en spectateur, les bras croisés, de con-
server ses forces et de se préparer à la guerre civile. La victoire qu’il
attendait est arrivée, et voilà que ce “généralissime” s’apprête à
3
“descendre de la montagne” . Ces huit dernières années, nous
avons changé de place avec Tchiang Kaï-chek; auparavant, nous
4
étions sur la montagne et il était au bord de l’eau ; pendant la
Guerre de Résistance, nous étions derrière les lignes ennemies et il
s’était retiré sur la montagne. Maintenant, il va en descendre, il en
descend pour s’emparer des fruits de la victoire.
Au cours des huit dernières années, le peuple et l’armée de nos
régions libérées, sans aucune aide extérieure et en comptant unique-
ment sur leurs propres efforts, ont libéré de vastes territoires du pays,
ont contenu et attaqué la majeure partie des forces d’invasion japo-
naises ainsi que la quasi-totalité des troupes fantoches. C’est
grâce à notre résistance résolue et à notre lutte héroïque que les
200 millions d’habitants du grand-arrière ont pu échapper aux atro-
5
cités des envahisseurs nippons et que les régions habitées par ces 200
millions d’hommes ont pu être préservées de l’occupation japonaise.
Tchiang Kaï-chek se tenait caché sur le mont Omei, une garde devant
lui, et cette garde, c’était les régions libérées, le peuple et l’armée des
régions libérées. En défendant les 200 millions d’hommes du grand-
arrière, nous avons protégé par là même ce “généralissime” et nous
lui avons donné le temps et l’espace nécessaires pour attendre la vic-
toire en spectateur, les bras croisés. Le temps: huit ans et un mois.
L’espace: une région peuplée de 200 millions d’habitants. Ces condi-
tions, c’est nous qui les lui avons procurées. Sans nous, il n’aurait
* Discours prononcé par le camarade Mao Tsé-toung dans une réunion
de cadres à Yenan. Basé sur la méthode marxiste-léniniste de l’analyse de classes,
il est une étude pénétrante de la situation politique fondamentale en Chine après
la victoire dans la Guerre de Résistance contre le Japon et il expose les tactiques
révolutionnaires du prolétariat. Comme le camarade Mao Tsé-toung l’a souligné
e
dans son discours d’ouverture au VII Congrès du Parti communiste chinois en
avril 1945, la Chine, après avoir vaincu l’impérialisme japonais, se trouvait toujours
devant deux destinées, deux perspectives d’avenir: ou devenir une Chine nouvelle
ou rester l’ancienne Chine. Les gros propriétaires fonciers et la grande bour-
geoisie, avec Tchiang Kaï-chek pour représentant, voulaient arracher des mains
du peuple les fruits de la victoire remportée dans la Guerre de Résistance et main-
tenir la Chine dans son état de pays semi-colonial et semi-féodal soumis à leur
dictature. Représentant les intérêts du prolétariat et des masses populaires, le Parti
communiste chinois luttait de toutes ses forces pour la paix et contre la guerre
civile; mais il devait d’autre part se préparer de tout point à faire face aux
machinations contre-révolutionnaires de Tchiang Kaï-chek visant à déclencher une